L’intelligence artificielle s’invite à Cannes
Le World Artificial Intelligence Cannes Festival se tient du 14 au 16 avril, à Cannes. idruide y a fait un tour pour vous résumer les enjeux de l’IA pour aujourd’hui et demain.
La smart-city regroupe plusieurs domaines qui forment le corps même de la ville : l’infrastructure, la politique, la mobilité, l’économie et enfin la vie quotidienne et les loisirs des citadins. Pour résumer le rôle de l’intelligence artificielle dans ce contexte, on peut utiliser la métaphore de la ville comme un corps humain, qui possède plusieurs sens, comme la vue ou l’ouïe. Cette ville organique devrait donc être sensible aux besoins de ses habitants et être à l’écoute pour s’adapter à leurs besoins.
Dans les faits, ces « sens » sont en fait des capteurs, des nouvelles technologies qui, une fois réparties dans l’espace urbain, collectent des données. Celles-ci remontent à des systèmes d’intelligence artificielle qui les traitent et produisent des résultats bruts. Des êtres humains en chair et en os en tirent les enseignements nécessaires pour les interpréter et adapter la ville en fonction.
On peut retrouver ce traitement de données et cette adaptabilité dans l’entretien des routes (détecter les malformations de la chaussée pour régler rapidement un problème), le trafic (à partir de données en direct, adapter la circulation pour réduire les bouchons), l’analyse de l’eau et de sa qualité, etc. Le but pour une smart-city appuyée par l’IA serait donc de créer un système opérationnel automatisé qui pilote les améliorations grâce aux données.
À terme, l’intelligence artificielle peut aussi avoir un impact économique dans l’espace urbain. L’automatisation de certaines tâches permettrait des économies. Le tourisme pourrait évoluer grâce à l’IA et la réalité virtuelle, qui accompagne par exemple le visiteur en lui présentant des photos du passé, pour réaliser à quoi ressemblait la vue qu’il a sous les yeux à l’instant présent, tout en utilisant son téléphone. L’IA s’adapte là aussi au trajet du touriste et de nouveaux services peuvent donc être proposés par les communes.
L’intelligence artificielle a aussi un impact sur la société en général. Lors d’une conférence au WAICF, plusieurs participants ont ainsi présenté les thématiques dans lesquelles l’IA peut se révéler utile.
Ainsi, dans la promotion de l’égalité des sexes, sur des questions comme l’écart salarial entre hommes et femmes, l’éducation, ou encore le pouvoir et l’influence. Des outils d’IA permettent notamment d’analyser automatiquement les médias pour voir comment la diversité se traduit dans les programmes diffusés. À partir de ces données, il devient possible d’avoir un tableau de la présence masculine ou féminine à l’écran, et donc son influence, puis de la modifier, ou non.
L’IA est aussi pratique pour l’environnement et les questions de développement durable. Ainsi, les données et l’intelligence artificielle permettent de réduire le gaspillage alimentaire, en permettant un meilleur contrôle des flux et des besoins, y compris par anticipation. L’IA permet aussi de mieux comprendre les écosystèmes naturels, comme les forêts, afin de mieux les comprendre et de mieux prévoir les catastrophes comme les feux dûs à la sécheresse.
« L’IA contrôle des objets, mais avec toutes ces données et les impacts au quotidien, elle gère aussi les humains ! C’est pour cette raison qu’il est extrêmement important de parler et de réfléchir sur la question éthique », explique Wonki Min, ambassadeur de Corée du Sud pour la Science, la Technologie et l’Innovation.
En effet, l’un des enseignements de ce salon, c’est bien que l’IA n’est pas qu’un sujet technologique, mais un enjeu politique, qui concerne tous les citoyens. Ces derniers doivent donc être informés et éduqués à cette nouvelle technologie, déjà présente dans nos vies quotidiennes.
« Il faut mettre en place des méthodes d’éducation à l’IA pour faire comprendre ce que c’est concrètement. Un parcours qui passe aussi bien par le primaire que les études supérieures, parce que si on ne comprend pas quelque chose, on en a peur et on le rejète », explique Giovanni Landi, philosophe chez Finix Technologies Solutions. « Surtout qu’il y a un grand appétit pour la dystopie, les faces sombres de la science-fiction », abonde Pascale Fung, directrice et ingénieure à l’université des Sciences et Technologie de Hong Kong.
L’éducation à l’IA permet aussi de mieux traiter les résultats fournis par les logiciels. En effet, à partir d’une masse plus ou moins large de données, les intelligences artificielles donnent des bilans bruts. Il faut toujours interpréter ces résultats, ce qui revient à l’humain derrière la machine, pour en tirer les bonnes conclusions. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la criminalité, où les IA ne prennent pas en compte les contextes sociaux, par exemple. Des utilisations hâtives de ces données peuvent donc avoir des impacts sur la société en général.
Plusieurs risques et dérives débouchent également de ces nouvelles technologies. Ainsi, l’entreprise chinoise Sensetime, présente au WAICF, a été placée sur la liste noire des États-Unis car une partie de leur technologie, utilisée avec de mauvaises intentions, permet de mieux cibler des citoyens en fonction de leur appartenance ethnique, de leurs croyances ou opinions, ce qui les rend plus vulnérables.